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Que faites vous madame?
(2022)

« D’où vient ce petit accent ? »

Je cherche, dans la répétition quotidienne des espaces familiers, ce que je n’ai pas pu “expliquer ni m’expliquer”. Dans l’interaction avec les autres, le corps se réajuste, résiste et se réinvente, comme il se réinsère avec chaque nouveau mot qui lui parvient. La langue maternelle est généreuse, mais, lorsqu’on entre dans une langue étrangère, il n’y a ni baiser, ni ronronnement : il y a de l’exaspération, une répétition, une tentative d’explication, un autrement, ou encore l’impression de ne pas parvenir à transmettre ce qu’on voulait dire.

J’entre dans des pièces qui racontent des histoires de solitude, de routine et de désir. Une danse silencieuse émerge, défiant l’ordinaire. Comment interpréter le domestique dans une langue différente ? Le pouvoir de choisir chaque mot avec précision pour s’exprimer devient un luxe inhabituel.

Dans le désordre linguistique, le domestique est sens dessus dessous. Cherche-t-on à s’intégrer ? À entrer ? À sortir ? À rester ? À revenir ? Ou simplement à "être". Il n’y a pas d’être sans langage. Pourtant, dans l’adaptation à une nouvelle langue, il y a une dualité dans les nuances de cet être, qui ne peut s’égaler au confort d’être dans sa langue maternelle. Mon dire ne s’aligne pas comme je le voudrais : le verbe se réinvente, mais la compréhension s’étire. Il faut déchiffrer.

La maison devient témoin de cette ambivalence, mais elle peut aussi être une cage, une scène ou un refuge. Dans chaque recoin, le corps s’adapte, se questionne, attend, tente de comprendre, de s’adapter, de coïncider, de rester, de se reposer.

"Que fait vous, madame ?"
- Je démontre que j’existe, mais dans un monde à l’envers.


¿Qué hace usted, señora?

La puerta se abre y, en solo unos instantes, se escucha: “¿De dónde viene este petite accent?”
Busco, en la repetición diaria de los espacios conocidos, aquello que no pude “explicar ni explicarme”. En la interacción con los otros, el cuerpo se reacomoda, resiste y se reinventa, como se reinserta con cada nueva palabra que le llega. La lengua maternal es generosa, pero, cuando se entra en lengua extranjera, no hay beso ni ronroneo: hay exasperación, un repetirse, explicarse, un de otra manera, o quedarse corta con lo que se quería transmitir.

Entro en habitaciones que cuentan historias de soledad, rutina y deseo. Surge una danza silenciosa que desafía lo ordinario. ¿Cómo interpretar lo doméstico en una lengua diferente? El poder de elegir milimétricamente cada palabra para expresarse se vuelve un lujo inusual.

En el desorden lingüístico, lo doméstico queda patas arriba. ¿Se busca encajar? ¿Entrar? ¿Salir? ¿Quedarse? ¿Regresar? O simplemente *ser*. No hay ser sin lenguaje. Sin embargo, en la adaptación a una nueva lengua, hay una dualidad en los matices de ese ser que no puede nivelarse con la comodidad del ser en lengua maternal. Mi decir no encaja como yo quisiera: el verbo se reinventa, pero el entendimiento se dilata. Hay que descifrar.

La casa se vuelve testigo de la ambivalencia, pero también podría ser jaula, escenario y refugio. En cada rincón, el cuerpo se adapta, se cuestiona, espera, pretende entender, adaptarse, coincidir, quedarse, descansar.

Qué fait vous, madame?
Demuestro que existo, pero en el mundo del revés.



© 2023 EZAGHIS -  Artiste COLMAR | ALSACE
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