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Eva après
( 2018-2022 )

Le féminisme et la métamorphose d’Eva

Eva a raison : on ne peut pas remettre les pommes sur l’arbre. Mais pourquoi est-ce elle qui tombe dans la tentation ? Comme si la tentation était un précipice. Pourquoi est-elle celle persuadée par le serpent et non Adam ? Que devient Eva ensuite, dans ce paradis à moitié sauvage, à moitié domestique ?

Qui est Eva après avoir désiré ? Pourquoi un arbre interdit l’attendait-il ? Qu’est-ce que le désir ? Que signifie avoir un arbre interdit à portée de main ? Manger du fruit de l’arbre de la connaissance change l’histoire de tous les êtres. Pourquoi cet acte déclenche-t-il une nouvelle narration pour l’humanité ? Et surtout, qui a créé le paradis pour Eva ?
La narration est claire : Eva est la coupable, celle qui désire, celle qui désobéit. Mais ce désir n’est-il pas aussi l’étincelle de l’autonomie, le premier acte de liberté ?
Qu’est-ce que le désir, sinon la force qui nous pousse à regarder au-delà de l’inconnu, à rompre avec l’établi ?
L’Éden a cessé d’être une promesse statique ; c’est maintenant un terrain qu’Eva doit conquérir avec sa propre voix. Après avoir désiré, Eva n’est plus la même.

Le féminisme a métamorphosé le statut de la femme contemporaine, lui rendant son autonomie et la possibilité de concevoir son propre paradis, où le désir n’est pas péché, mais une expression légitime de liberté. Qui a créé le paradis pour Eva ? Ce n’était ni le sien ni conçu pour elle, mais pour la contenir, pour dicter sa place. Mais dans ce geste de désobéissance, Eva a brisé le moule.
Elle n’est plus la femme qui reste dans l’ombre, qui s’adapte à un paradis conçu pour d’autres. Le féminisme a pris cet acte originel et l’a transformé en point de départ d’une nouvelle histoire : le moment où une femme décide de désirer par elle-même.

Le féminisme a été sa métamorphose, la force qui lui a permis de réécrire sa propre histoire. Il n’y a pas de retour possible à l’Éden, ni pour la femme qui a pris conscience de son désir. Il n’existe aucun paradis qui la contienne, car c’est elle qui le crée. Il n’y a plus de serpents qui la poursuivent, ni d’interdits qui la définissent.
Eva, dans sa métamorphose, ne cherche pas à revenir au jardin perdu, mais à créer son propre espace, son propre Éden, libre d’impositions, libre des serpents qui la blâment pour son désir. Le féminisme lui a donné l’opportunité de réécrire son histoire, de cesser d’être la transgressrice pour devenir la créatrice. Et dans ce nouveau paradis, Eva n’est plus seule.

Eliana Zaghis


FÉMINISME

F comme force de fureur
E comme "étreinte et espoir"
M comme "materner" de différentes manières
I comme "incommoder" car c'est urgent
N comme "ne sera plus comme avant"
I comme "imaginer" un autre monde possible
S comme "solidarité" de sommes et serons
M comme je "me demande comment vivre et continuer à questionner et à changer les choses"
O comme "un autre monde" plus habitable est possible.

Le féminisme n'est pas singulier, ni homogène, ni uniforme. Les féminismes sont multiples, divers et contradictoires. Ce sont des outils pour nous interroger sur la notion de monde et le déconstruire. Ce sont des outils pour nous interroger sur qui a le droit de vivre et de s'exprimer en lui. Ce sont des outils pour transformer la vie en théorie et comprendre à partir des expériences quotidiennes de quoi nous parlons lorsque nous parlons de féminisme. Ce sont des outils pour nous ouvrir un espace dans ce monde et occuper notre place en sachant que l'occuper en tant que féministe nous rend responsables de la manière dont nous l'habitons.

Le féminisme, c'est ma mère de 77 ans qui essaie de parler un langage inclusif, même si c'est inconfortable, et ma nièce de 11 ans me racontant naturellement que son ami du club aime être appelé "elle" même s'il est perçu comme un garçon. Le féminisme, c'est Eva poursuivant sa tentation, mangeant la pomme sans culpabilité et dansant avec le serpent qui l'entoure.

Le "moi" féministe s'assume inachevé, incomplet, construit et en relation avec les autres, avec lesquels il se connecte partiellement, en assumant les complexités et les contradictions que nous embrassons mieux car elles sont là et elles le resteront.

Le féminisme, c'est la lutte pour l'autoreprésentation. C'est construire la connaissance avec d'autres, en reconnaissant les savoirs et les pratiques antérieurs, c'est créer avec. La pensée féministe est collective car elle ne surgit pas de nulle part, elle est une pensée qui se sédimente sur d'autres voix et savoirs pensés par d'autres, c'est un héritage et un feu qu'il faut entretenir. C'est habiter le monde à travers un lien de réflexivité et de critique, fondé sur la conscience des privilèges et des situations historiques d'oppression qui façonnent chaque endroit de la structure sociale.

Les féminismes permettent de créer des liens entre des mondes partagés et entrelacés, ils permettent de construire le propre lieu d'énonciation. Le féminisme, c'est la responsabilité de se rendre visible si on le peut et d'élargir le champ de visibilité pour les autres. Les féminismes sont des histoires avec des minuscules et des femmes au pluriel. Le féminisme est une lutte contre toute injustice, c'est un exercice d'imagination politique et d'action réelle.

Ana Gilardi, artiste, docteur en arts et enseignante"


El feminismo y la metamorfosis de Eva

Eva tiene razón: no se pueden volver a poner las manzanas en el árbol. Pero ¿por qué es ella quien cae en la tentación? Como si la tentación fuera un precipicio. ¿Por qué es ella la persuadida por la serpiente y no Adán? ¿En qué se convierte Eva después, en ese paraíso mitad salvaje, mitad doméstico?

¿Quién es Eva después de haber deseado? ¿Por qué la esperaba un árbol prohibido? ¿Qué es el deseo? ¿Qué significa tener un árbol prohibido al alcance de la mano?
Comer del fruto del árbol del conocimiento cambia la historia de todos los seres. ¿Por qué este acto desencadena una nueva narrativa para la humanidad? Y sobre todo, ¿quién creó el paraíso para Eva?

La narrativa es clara: Eva es la culpable, la que desea, la que desobedece. Pero este deseo, ¿no es también la chispa de la autonomía, el primer acto de libertad?

¿Qué es el deseo, sino la fuerza que nos impulsa a mirar más allá de lo desconocido, a romper con lo establecido?

El Edén ha dejado de ser una promesa estática; ahora es un terreno que Eva debe conquistar con su propia voz. Después de haber deseado, Eva ya no es la misma.

El feminismo ha metamorfoseado el estatus de la mujer contemporánea, devolviéndole su autonomía y la posibilidad de concebir su propio paraíso, donde el deseo no es pecado, sino una expresión legítima de libertad. ¿Quién creó el paraíso para Eva? No era suyo ni fue concebido para ella, sino para contenerla, para dictar su lugar. Pero en ese gesto de desobediencia, Eva rompió el molde.

Ya no es la mujer que permanece en la sombra, que se adapta a un paraíso diseñado para otros. El feminismo ha tomado ese acto original y lo ha transformado en el punto de partida de una nueva historia: el momento en que una mujer decide desear por sí misma.

El feminismo ha sido su metamorfosis, la fuerza que le ha permitido reescribir su propia historia. No hay retorno posible al Edén, ni para la mujer que ha tomado conciencia de su deseo. No existe paraíso alguno que la contenga, porque es ella quien lo crea. Ya no hay serpientes que la persigan, ni prohibiciones que la definan.

Eva, en su metamorfosis, no busca volver al jardín perdido, sino crear su propio espacio, su propio Edén, libre de imposiciones, libre de serpientes que la culpan por su deseo. El feminismo le ha dado la oportunidad de reescribir su historia, de dejar de ser la transgresora para convertirse en la creadora. Y en este nuevo paraíso, Eva ya no está sola.

Eliana Zaghis
Eva después (2018-2022)

FEMINISMO

F de fuerza de furia
E de encuentro y de esperanza
M de maternar de formas diversas
I de incomodar porque es urgente
N de no volverá a ser como antes
I de imaginar otro mundo posible
S de solidaridad de somos y seremos
M de me pregunto cómo vivir y seguir cuestionando y cambiando las cosas
O de otro mundo más habitable es posible.


El feminismo no es singular, ni homogéneo ni uniforme. Los feminismos son múltiples diversos contradictorios
Son herramientas para preguntarnos por la noción de mundo y desarmarlo
son herramientas para preguntarnos por quiénes tienen derecho a vivir y expresarse en él.
Son herramientas para transformar la vida en teoría y entender desde las experiencias cotidianas de qué estamos hablando cuando hablamos de feminismo.
Son herramientas para abrirnos espacio en este mundo y ocupar tu lugar sabiendo que ocupar tu lugar te hace responsable de cómo lo habitas, si lo ocupas como feminista.
Feminismo es que mi mamá de 77 años intente hablar con lenguaje inclusivo aunque sea incómodo y mi sobrina de 11 años me cuente con naturalidad que su amigue del club le gusta que la llamen de ella aunque se le perecibe como varón.
Feminismo es Eva persiguiendo su tentación, comiendo la manzana sin culpa y bailando con la serpiente que la envuelve.

Feminismo es tu madre estudiando una carrera universitaria a los 62 años después de haber criado 8 hijes prácticamente sola o con su tribu, ustedes, feminismo es que esté estudiando sin importar si podrá dedicarse realmente a ello porque lo que importa es que lo esté haciendo ahora.
Feminismo es saberse acompañada.
El yo feminista se asume inacabado, incompleto, construido y en relación con otres, con quienes se conecta parcialmente, asumiendo las complejidades y contradicciones que mejor abrazamos porque ahí están y ahí seguirán.
Feminismo es la lucha por la autorrepresentación.
Es construir conocimiento con otras, reconociendo los saberes y prácticas previas, es crear con.
El pensamiento feminista es colectivo porque no surge de la nada, sino que es pensamiento que se sedimenta sobre otras voces y saberes pensados por otras, es un legado y un fuego que hay que mantener encendido.
Es habitar el mundo a través de un vínculo de reflexividad y crítica, fundado en la conciencia de los privilegios y las situaciones históricas de opresión que moldean cualquier lugar de la estructura social.
Los feminismos permiten crear conexiones entre mundos compartidos y entretejidos, permiten construir el lugar propio de enunciación.
Feminismo es la responsabilidad de visibilizarte a ti misma si puedes y ampliar el campo de visibilidad para otras.
Feminismos son historias con minúsculas y mujeres en plural.
El feminismo es una lucha contra toda injusticia, es un ejercicio de imaginación política y acción real.

Ana Gilardi, artista, doctora en artes et profesora, cordobesa y residente en México


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